Les sportives et la blessure !

Tous les sportifs et sportives connaissent un jour ou l’autre la blessure. Si elle apparait souvent comme une simple contrainte physique pour le public, Dame de Sport s’intéresse aujourd’hui à ses répercussions sur les athlètes.




D’après les chiffres d’une enquête publiée en 2012 par le Ministère des Sports, de la Jeunesse, de l’Éducation Populaire, et de la Vie Associative sur la pratique sportive, : « 9 % des personnes interrogées ont déclaré avoir été victimes d’un accident pendant la pratique d’une activité physique ou sportive au cours des 12 derniers mois qui ont précédé l’enquête« . Qu’en est-il des sportives (et sportifs) professionnelles ? Comment réagir lorsque votre outil de travail ne répond pas favorablement à l’enchainement des matchs, ou encore à l’accumulation de fatigue ?





Mia TARP-MOLDRUP (25 ans, NLA, handball)

Arrivée dans la Cité des Ducs durant l’été 2015, la danoise vient tout juste (le 22 mars à Nice) de marquer ses premiers buts avec le NLA en compétition officielle. Victime d’une entorse lors de la pré-saison, puis d’une rupture des ligaments croisés lors de son match de reprise avec la réserve, Mia n’avait pas pu disputer une seule rencontre en LFH la saison passée. Malheureusement pour elle, la malchance s’invitait une seconde fois, et privait une fois de plus le NLA de son talent, puisque celle-ci rechutait peu avant le début de sa seconde année, au même genou, l’obligeant à repousser une fois de plus ses débuts sous le maillot des « Roses« , effectués finalement cette année. La numéro 7 paraissait donc toute indiquée pour nous faire partager son ressenti et son expérience sur ce sujet.


DDS : Bonjour Mia, te rappelles-tu ta 1ère blessure ? Comment l’avais-tu vécue ?

M.T-M : Bonjour. Oui je m’en rappelle. Ma première blessure sérieuse fut à l’épaule, et a commencé aux alentours de 2009. C’était assez difficile mentalement, et je me souviens que je ne pu participer à l’Euro U19 avec mon équipe nationale, compétition que j’avais hâte de disputer. Ce fut comme une gifle en plein visage…


DDS : Tu as connu deux années compliquées au NLA. Le soutien de tes coéquipières fut-il important durant ta convalescence ?

M.T-M : Le soutien de mes coéquipières a été incroyable. Je me sens vraiment comme faisant partie de l’équipe, même si je n’ai pas joué beaucoup jusqu’ici. Le club en général, les bénévoles, les coachs, le président et les supporters, tout le monde m’a soutenue, ce qui a rendu mon processus entier de rééducation bien plus facile à vivre.


DDS : T’es-tu sentie moralement atteinte à cause de tes deux graves blessures ?

M.T-M : Je ne dirais pas que je suis moralement affectée. Les blessures m’ont rendues plus forte mentalement que je ne l’étais avant, mais j’ai toujours la même volonté d’apprendre et de m’améliorer, peut-être même plus qu’avant.


DDS : Penses-tu que ces blessures vont changer ta façon de jouer ?

M.T-M : Je n’espère pas. Je pense qu’il y a toujours une période, après une blessure, où l’on doit apprendre à faire confiance de nouveau à son corps. Je me rappelle que mon seul but durant les première semaines était juste de passer les entrainements sans me blesser. Donc le plus grand challenge pour moi fut définitivement d’être capable de me donner à fond sur le terrain sans penser si oui ou non je me blesserais à nouveau, mais cela va beaucoup mieux maintenant.


DDS : As-tu remarqué des différences dans la façon de gérer les blessures entre le Danemark et la France ?

M.T-M : L’une des plus grandes différences sont les centres de rééducation qui existent ici en France. Mis à part cela, je ne pense pas que la différence soit très importante.


DDS : Penses-tu que des améliorations pourraient être faites concernant l’accompagnement des joueuses blessées ou pour éviter certaines blessures ?

M.T-M : J’imagine que cela aurait un impact énorme si plus de joueurs et joueuses avaient un programme physique individuel. Pour moi, ça semble étrange que les ailières aient le même programme que les pivots, et c’est important pour toute l’équipe. Chaque joueur est différent, et je comprends que certaines choses basiques doivent être faites par tout le monde, mais je pense que si chacun connaissait ses points faibles, cela aiderait beaucoup à prévenir des blessures, ainsi qu’à améliorer les qualités individuelles sur le terrain.


DDS : Quels conseils donnerais-tu pour gérer une blessure ?

M.T-M : J’ai eu la chance de travailler avec un très bon préparateur physique (Mikaël Berthommier) durant ma dernière blessure, et il fut l’une des raisons principales de mon retour en forme. Donc mon meilleur conseil est de trouver de bonnes personnes avec qui travailler, et, le plus important, de rester positif ! Ce n’est jamais agréable d’être blessé, mais personne n’en est mort pour autant que je sache ! ;)





Clémentine DRUENNE (23 ans, VBN, Volley-ball)

Élément incontournable de l’effectif de Sylvain QUINQUIS, internationale française, Clémentine fait presque partie des murs au VB Nantes, club qu’elle a rejoint lors de la saison 2011-2012. La réceptionneuse-attaquante, qui peut également évoluer à la pointe, a vu sa saison perturbée par une une infection broncho-pulmonaire, avec pour conséquence une indisponibilité de 5 semaines, ce qui la priva, entre autres, du match contre Cannes, délocalisé à Mangin-Beaulieu. Elle revient donc pour Dame de Sport sur cette période, et sur son ressenti durant celle-ci.


DDS : Bonjour Clémentine, te rappelles-tu ta 1ère blessure ? Comment l’avais-tu vécue ?

C.D : Je me suis blessée pour la 1ère fois cette saison. Suite à une infection broncho-pulmonaire tenace, je me suis fissurée une côte. Même quand j’étais malade, j’ai continué à m’entraîner parce qu’on pensait que ça allait passer, mais j’avais des difficultés à respirer et donc à récupérer, et à force de tousser, sur une action, j’ai senti que quelque chose avait lâché. Je l’ai plutôt bien vécue (enfin comme on peut vivre une blessure!). Le plus dur était de venir aux entraînements et aux matchs et de ne pas pouvoir aider l’équipe. Pendant 5 semaines, je ne pouvais rien faire hormis du vélo. C’était assez frustrant. Avec le recul, je pense que c’est mon corps qui a dit stop… J’ai enchaîné une gros été avec l’équipe nationale suivi de la reprise de la saison. Je pense que c’est la fatigue qui est la cause de tout ça.


DDS : Le soutien de tes coéquipières est-il important durant une convalescence ?

C.D : Oui, très ! Les filles ont toujours été au top avec moi. Elles demandaient de mes nouvelles régulièrement et elles avaient hâte que je revienne rejouer avec elles. Ça motive pour revenir le plus vite possible en forme quand l’équipe vous manque et que c’est réciproque.


DDS : Est-ce que tu t’es déjà sentie moralement atteinte à cause d’une blessure ?

C.D : Oui, bien sûr que ça m’a atteint moralement. Le corps est l’outil de travail du sportif de haut niveau et en cas de blessure, il nous lâche ! C’est dur de ne pouvoir rien faire physiquement et on a toujours l’appréhension de la reprise… Savoir à quel niveau on reprendra, si les sensations vont revenir rapidement, comment ça va se passer, tout simplement.


DDS : Penses-tu que les blessures modifient ta façon de jouer ?

C.D : Non, je ne pense pas car ce n’était pas vraiment une blessure liée au sport lui-même. Une fois que la radio de contrôle a été réalisée et que c’était consolidé, je savais que je pouvais rejouer sans appréhension. Et j’avais hâte !!


DDS : As-tu remarqué des différences dans la façon de gérer les blessures entre les différentes joueuses avec lesquelles tu as évolué ?

C.D : Oui !! Je pense que chacun gère la blessure et la douleur de manière différente. Il y a des joueuses qui s’écoutent et qui vont s’arrêter dès les premières douleurs, celles qui même en ayant mal vont continuer de jouer (au risque d’aggraver la situation), celles qui ont peur de reprendre, de se refaire mal et donc qui vont y aller très progressivement, celles qui reprennent comme si de rien n’était, etc.


DDS : Penses-tu que des améliorations pourraient être faites concernant l’accompagnement des joueuses blessées ou pour éviter certaines blessures ?

Oui, c’est sûr. Je pense que la reprise ne devrait pas forcément se faire avec le groupe entier, mais en partant sur des bases comme de la préparation physique pour les arrêts longs, le travail d’appuis, etc. Ça dépend de la pathologie, mais je pense que souvent, les clubs veulent que les joueuses reviennent vite, au risque de se blesser à nouveau ! En fait, le mot d’ordre devrait être : « progressif ».


DDS : Quels conseils donnerais-tu pour gérer une blessure ?

C.D : Essayer de garder le moral, prendre son mal en patience, rester au contact de son équipe et les supporter !!


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